"LA BATAILLE DE CHAMBORD": Décembre 2016/18 juin 2017

Pour Philippe de Villiers, il n'y a que deux sites en France au format d'une cinéscénie : Versailles et Chambord. - (Photo archives NR)

Sollicité par deux élus de Loir-et-Cher, le père du Puy du Fou est prêt à concevoir une cinéscénie autour du château de François I er. Remous et cris d’orfraie.

Guillaume Peltier (LR), président du groupe d'opposition au conseil régional du Centre-Val de Loire, et Maurice Leroy (UDI), président du conseil départemental de Loir-et-Cher, ont sollicité Philippe de Villiers pour la création d'un « grand spectacle historique et populaire » dans ce département. Le créateur du Puy du Fou ne le cache pas : il en rêve, à condition que ce soit à Chambord. Tout en reconnaissant : « Le plus difficile, en tout cas le plus long, ce sera de lever les obstacles administratifs. »

 Cependant, une rencontre à l'Élysée a peut-être déjà transformé le rêve en projet.

L'Élysée manifeste son intérêt

« Au Puy du Fou, explique Philippe de Villiers à la NR, on a toujours pensé, et je le répète depuis quarante ans, que deux sites, en France, paraissaient dignes d'intérêt pour une cinéscénie : Chambord et Versailles ! »

C'est dire si le fondateur du seul site français élu deux fois « meilleur parc du monde » a accueilli avec enthousiasme la sollicitation amicale de Guillaume Peltier et Maurice Leroy : « Cela remonte à trois ou quatre ans, ils m'ont demandé si j'accepterais de réaliser une expertise, à titre gracieux, sur le site de Chambord. »

Philippe de Villiers connaît parfaitement les lieux : « Je vous rappelle que j'ai été sous-préfet de Vendôme, et mon attachement pour Vendôme, ses habitants et pour cette région (qui me fascine) est très grand. »

Président de « Puy du Fou international », Philippe de Villiers est sollicité dans le monde entier pour apporter son expertise à des projets de grands spectacles.

Une quinzaine de pays nous ont sollicités, dont la Chine, tout dernièrement. Mais il est certain que si je devais intervenir à Chambord, ce serait d'abord par amour de la France, pas pour faire du commerce. Et j'y ajouterais ma part de mécénat personnel. »

Philippe de Villiers, président de « Puy du Fou international »

A ses détracteurs qui contestent l'idée de « copier-coller un Puy du Fou en région Centre », Guillaume Peltier martèle : « Il ne s'agit pas de cela, mais de profiter de cette expertise reconnue mondialement et qui nous permettrait de raconter notre histoire de France en utilisant les techniques les plus modernes ! »

Les Vendéens peuvent, effectivement, s'enorgueillir d'avoir déposé plusieurs brevets, notamment pour l'utilisation, unique au monde, de drones qui transforment le ciel en espace scénique.

« Évidemment, Chambord n'est pas notre château en ruines du Puy du Fou : impossible de planter le moindre clou ! »

Mais Philippe de Villiers est confiant : « Pour concevoir et écrire le spectacle, ce ne sera pas très long ! » Confiant pour une autre raison : « Avec Maurice et Guillaume, nous avons été reçus par le secrétaire général de l'Élysée pour évoquer le sujet. Or, je peux dire que nous avons été écoutés et entendus puisque, quelques semaines plus tard – dans un tout autre contexte – François Hollande lui-même m'a demandé : " Alors, vous en êtes où de votre projet à Chambord ? " »

Un spectacle en 2019, pour les 500 ans de Chambord ? « C'est réalisable ! »

" Chambord n'a pas vocation à être un fond de scène " (Domaine de Chambord)

L'annonce du projet de spectacle à Chambord dans notre édition de Loir-et-Cher a suscité des réactions. Dont celle du Domaine de Chambord. Dans un communiqué, l'institution précise que :

Le projet d'un grand spectacle de Philippe de Villiers à Chambord n'est pas à l'ordre du jour et ne l'a jamais été. Chambord comme Versailles, appartient à la Nation et ne peut faire l'objet d'aucune récupération politique, d'aucune sorte. »

Domaine de Chambord

Hostile au projet, Jean d'Haussonville, directeur général du Domaine, s'en explique à la NR. « Je dis d'abord que la France ne manque pas de lieux de patrimoine " orphelins " qui ont besoin de soutien. Je dis ensuite que le talent d'entrepreneur de spectacle de Philippe de Villiers est considérable : pourquoi ne pas le mettre au service de l'un de ces lieux ? Pourquoi pas, par exemple, à l'abbaye de Pontlevoy (*), aujourd'hui en vente ? »

Jean d'Haussonville estime que « Chambord a une âme, un génie propre, et ce qui se fait à Chambord doit correspondre à l'esprit même du lieu… Chambord n'a pas vocation à être un fond de scène. »

Le directeur du Domaine regrette par ailleurs la manière dont le sujet a émergé publiquement : « Quand on veut faire une exposition au Louvre, on s'adresse au Louvre, et si on veut faire quelque chose à Chambord, on s'adresse à Chambord, mais on ne lance pas un débat politique sur le sujet. »

S'il a vraiment découvert le projet dans les colonnes de la NR, on peut comprendre la réaction du directeur. Enfin, si le directeur de Chambord estime « qu'une coproduction est techniquement possible, et que le statut d'établissement public a justement été octroyé au Domaine pour lui donner une autonomie de gestion […] ce n'est pas forcément pour travailler avec un entrepreneur de spectacles. »

 Le Puy du Fou a accueilli 2,2 millions de spectateurs cet été, chiffre en hausse. Chambord, en progression également a reçu 1,5 million de touristes l'an passé, dont 783.350 visiteurs pour le château lui-même.

(*) Abbaye bénédictine du XVIIe siècle située en Loir-et-Cher.

réactions

Pourquoi la majorité de gauche régionale et le FN sont contre

Pour le président socialiste du conseil régional, « il n'y a pas de sujet ». François Bonneau explique : « Je ne veux pas assécher l'ensemble du territoire au motif que l'on privilégierait un copier-coller du Puy du Fou dans notre région. »

Sa vice-présidente (écologiste) chargée du tourisme confirme : « Voulant faire un développement équilibré du tourisme dans tous les territoires, ce spectacle localisé dans l'espace et le temps serait contraire à notre politique. »

La Région a donc rejeté, le 15 décembre, la proposition de Guillaume Peltier (LR) de faire de la collectivité le moteur du projet.

Le groupe Front national du conseil régional a également voté contre : « On annonce aujourd'hui un projet qui pourrait se faire à Chambord et qui aurait le soutien de Philippe de Villiers. Nous verrons bien, mais sauf erreur, le Domaine de Chambord appartient à l'État, pas à la Région. Chacun aura compris que tout cela relève uniquement de la communication électorale. »

Bruno Besson

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