Une Centenaire à DHUIZON

 

LA VIE DE MA GRAND-MERE

CENTENAIRE à DHUIZON

 

Conférencière : Madame Jacqueline LELIEVRE

Athanase Louis DESOUCHES (1827-1877) épousa Rosalie Bodin (1829-1903).Ils eurent comme enfants : Abel Athanase DESOUCHES (22 novembre 1850-26 septembre 1903) .Jacques Hippolyte RIVIERE épousa Constance Anastasie SOL.

Ils eurent comme enfants Marie - Constance Clémentine née le 1er avril 1861 à Mesnil sur    L’ Estrée (Eure). Le 3 avril 1883, à la mairie du 13ème arrondissement de Paris, du fait que les parents de la jeune fille étaient domiciliés 5 rue du Chevaleret à Paris 13ème , se mariaient :

Abel Athanase DESOUCHES et Clémentine RIVIERE. Ceux-ci furent mes grands parents. C’est la vie de grand-mère Clémentine que je vais vous conter.

SES ENFANTS

Le couple eut trois garçons .

-Georges, l’aîné fut boucher à Tours et ensuite à Pontlevoy, avant la guerre de 1914. Il est rentré de cette guerre très handicapé il vécu à Dhuizon puis à Sainte Radegonde en Touraine où il décédait en 1960. Il s’était marié en 1910 avec Hélène MEUINIER, jeune fille native de Cour-Cheverny. Il ne naquit pas d’enfant de cette union.

-Marcel fut tailleur à Blois, rue du commerce. Il se maria en 1916 avec Marthe BOURGOIN, une blésoise et de cette union naquirent 6 enfants : Simone, Raymonde, Jacqueline, Michel, Anne Marie et Elisabeth. Ce deuxième enfant mourut en 1959.

-Raymond eu une vie assez brève puisque, né en 1895, il mourut après l’armistice de 1918 à bord d’un avion à la bataille de Monthois .

SA VIE

-Son existence à Paris fut celle d’une jeune fille bourgeoise, elle est allée à l’école jusqu’à 16 ans. Son père avait une entreprise de charronnage : fabrique de roues pour les bus à chevaux de la ville de Paris. Son frère aîné succéda à son père. Sa mère mourut en 1880, très jeune,après avoir mis au monde neuf enfants. Grand-mère Clémentine s’occupa donc de ses frères et sœurs, avant et après son mariage.

-Elle était âgée de 9 ans pendant le siège de Paris. Il y eut à cette époque des bons et tickets de pain et de viande, ainsi que durant la guerre de 1914-1918.

-Elle s’est vêtue d’une belle robe d’apparat pour se faire photographier à 18 ans. Elle visita, durant sa vie, bons nombres de grandes expositions : celles de 1889, de 1900, de 1931 (Exposition coloniale de Vincennes), de 1937.

-Les parents de mon grand Père sont originaires de Dhuizon. Lorsque grand-mère Clémentine épousa le fils d’un fournisseur en bois de son père, celui-ci tenait, avec sa mère, veuve à cette époque, un commerce de marchand de bois dans ce village.

Il y avait alors, dans les écuries de la grande maison familiale sise sur la place : quatre, cinq, six chevaux.

Mes grands parents possédaient : des terres pour cultiver l’avoine nécessaire aux chevaux, des cultures maraichères pour l’entretien de la famille et du personnel (nourri et logé à cette époque).

Évidemment n’oublions pas que nous sommes en Sologne, il y avait aussi des vignes pour constituer la réserve de vin dans les chais pour une année de consommation.

-Mes grands-parents étaient aussi MARCHAND de POISSONS d’eau douce ; celui-ci était expédié en gare de Blois pour la vente au détail à Paris.

Ils exploitaient donc l’étang « Vieil » et le  « Neuf » et y avaient aménagé, à proximité, des viviers.

-Ils vendaient aussi du charbon de bois, fait sur le lieu des « coupes de bois » avec de menus branchages de bouleau. A Dhuizon, on fabriquait, avec l’extrémité des branchages de ces arbres, des balais. Il s’en fabrique encore aujourd’hui dans la vallée de la Cisse.

DHUIZON

Depuis l’année 1900, la place du village est le plan de celui-ci n’ont changé que par la construction de nouvelles maisons sur les routes débutant de la place de l’Eglise, qui sont devenues des rues. Et l’aménagement de la ligne de chemin de fer : rue de la Gare.

Une partie des maisons vétustes du coté ouest de la place a été démolie et reconstruire vers 1927 ou 1928 et « l’Anerie » en 1945.

Avant 1944, il y avait deux lavoirs communaux ; un prés du bourg sur la route de Blois et un autre sur cette même route mais à l’entrée du pays, prés de la forêt. Une voisine et locataire de ma grand- mère Clémentine partait le matin et ne rentrait que le soir, après avoir lavé « pour le monde » toute la journée au lavoir de la forêt. Cette mère Quointeau avait si peur de l’électricité qu’elle avait fait retirer tous les fils et tubes des leur installation chez elle en 1930.

Sur la place de Dhuizon, les principaux commerçants : auberges, cafés, les écoles y étaient installées de la même façon qu’aujourd’hui.

Le « caquetoire de l’Eglise » a été transformé, ainsi que le kiosque à musique, mais au lieu de voitures à cheveux dont l’animal été attaché aux anneaux scellés au mur de l’église, des automobiles y sont garées et les arbres y fleurissent encore au printemps.

Le nombre d’épicerie a changé, il est passé de 9 à 3, l’atelier du charron est devenu station service.

Vers 1900, mon grand-père n’est plus exploitant de la forêt, il est encore « marchand de poissons » et achète une petite ferme tenue par un métayer et sa famille. Ma grand-mère a donc vécu 63 ans à Dhuizon et a été commerçante 23 ans.

Mes grands-parents s’installent dans une ancienne briqueterie : « La Roncière ». Une partie de la maison est cédée pour loger les enfants de l’école enfantine et dans la cour, plusieurs ménages y occupent des petits logements de deux pièces. La Roncière est une grande maison et les jardins de devant et derrière sont assez grands : pelouses et arbres, coté de la route et potagers, vignes et surtout le puits où l’on se rencontre avec les voisins, coté forêt.

C’est à « La Roncière » que j’ai connu une grand-mère, toute vêtue de noir, mais très gaie malgré son existence pour le travail bien fait.

En effet, en 1920, année de ma naissance, elle était veuve depuis 17 ans et avait perdu un fils à la guerre.

-Elle venait souvent à Blois chez mes parents et s’achetait un chapeau ou transformait l’ancienà chaque saison, elle avait exercé le métier de modiste à Dhuizon durant cinq ou six ans.

Elle gardait le magasin de mes parents lorsque nous partions en vacances, à cette époque, il n’était pas question qu’ un commerçant ferme boutique, ne serait-ce que pour quelques jours.

Mais ce qui m’a laissé de plus jolis souvenirs, c’est le temps de mes vacances à Dhuizon.

Berthe, la voisine, avait en garde des « petits parisiens », enfants de l’Assistance publique. Nous jouions ensemble, allions à la pêche aux guernazelles, aux étangs.

Mon oncle, Georges, avait un poste de TSF , alimenté par des batteries, il fallait être très tranquille et sage lors des émissions.Nous regardions passer, entre le jardin et la route, le petit train à vapeur et ses voyageurs.Nous faisions avec grand-mère Clémentine de belles promenades, pour cueillir des champignons, des perce-neiges ou des marguerites, et à l’automne, ramasser des châtaignes.Lorsqu’elle nous donnait la permission de passer quelques heures au grenier, nous étions très heureuses. Dans le coin bibliothèque : livres de prix de ses enfants, livre de médecine du docteur Raspail, l’histoire de la vie de Saint Marcou (vénéré à l’église de Dhuizon), dictionnaire, écrits en vieux tous ces livres étaient biens rangés mais poussiéreux.Dans une autre partie du grenier, il y avait toutes sortes de choses, des instruments de médecine,ce sport ou de métier, des ustensiles de cuisine.

La Roncière, avec ses dépendances : le fournil, le cellier, la cave, le bas-côté, le grenier, nécessitant beaucoup d'entretien. Aussi grand-mère Clémentine passait de temps en temps quelques jours chez son fils Georges à Sainte Radegonde, c'était le coin du beau jardin et du calme! ...

D'autres fois, principalement en hiver, elle allait chez son fils Marcel. Là, elle faisait la cuisine, les confitures, visitait un peu la ville et rencontrait sa belle soeur et ses cousins. Avec six petits enfants dans la maison elle avait alors des activités variés !

L'été, à la Roncière, elle recevait sa famille et cuisinait très bien : les girolles, les asperges, la tête de porc, le coq au vin. Nous commandions, si nous étions du nombre des invités, une "Galette broyée" chez le boulanger de la place.En automne et en hiver, nous dégustions du gibier

Lorsque, mes sœurs et moi étions un peu plus âgées nous faisions les vitres, le nettoyage de la grande pendule et la lampe à pétrole..., un peu de jardinage : désherber les allées balayer les feuilles mortes...Grand mère fit sept ou huit cures à Vichy, elle aimait y aller au printemps. elle eut des calculs dans la vésicule, à l'âge de 70 ans, ceux-ci s'éliminèrent sans opération.

Elle se cassa une épaule à 85 ans et s'en remis très bien.Vers l'âge de 86 ans, elle décida de quitter la Roncière et de rentrer à la maison de retraite d'Onzain. A partir de ce temps-là, elle ne quitta guère ce pays, seulement pour de grandes occasions.Comme sa descendance était nombreuse, elle avait des visites. Et du fait qu'elle lisait le journal régulièrement elle était au courant des évènements et particulièrement de la reconstruction de Blois.

Jusqu'à l'âge de 97 ans, elle faisait seule son lit, sa toilette, ses shampooings et son raccommodage. Elle à voté jusqu'à 98 ans.

Grand-mère Clémentine se déplaçait aves ses cannes jusqu'à cet âge, pour aller au bourg ou faire une promenade dans le parc. Elle est restée au lit durant trois semaines avant le jour de son décès le 22 mai 1961.

Nous lui avions souhaité ses cent ans le 1er avril de cette même année .

Pour moi , "Dédé Philippe" , le jour où elle a soufflé ses 100 bougies , j'avais 7 ans et j'étais encore en culotte courte . Je me rappelle très bien de ce restaurant à Candé où"Notre arrière grand-mère" avait fait signe au serveur pour lui demander le café et l'accompagnement qui n'était pas oublié à cet époque .......

 

 

Dédé Philippe,

 

pour la conférencière Jacqueline LELIEVRE

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